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L’arme anti Amazon de Carrefour est Google ?

carrefour et google

En effet, 85% des consommateurs français achètent désormais en ligne, soit 37,5 millions de personnes, selon la Fevad. Et l’an passé, 1 Français sur 3 a été client d’Amazon, qui domine largement le marché e-commerce en France avec un chiffre d’affaires de 6,6 milliards d’euros et 17,3% de parts de marché. Dans ce contexte, Alexandre Bompard n’avait d’ailleurs pas tardé à dévoiler sa stratégique numérique en présentant en janvier 2018 son plan de transformation Carrefour 2022 visant à relancer un mastodonte de la distribution en perte de vitesse.  

Google au centre de la transformation digitale du distributeur 

Au niveau des partenariats, le plus emblématique d’entre eux est bien entendu celui signé avec Google en juin 2018. Dans ce cadre, Google met à disposition de Carrefour son interface vocale pour que les consommateurs puissent commander en ligne des produits de l’enseigne de grande distribution simplement en s’adressant oralement à leur smartphone via Google Assistant ou à leur enceinte intelligente Google Home. De cette manière, Carrefour met les pieds sur un marché qui pourrait peser 40 milliards de dollars dans le monde d’ici 2022, selon le cabinet OC&C Strategy Consultants.

Le distributeur français a également choisi Google pour inculquer une culture digitale à ses employés. Dans les six mois ayant suivi l’annonce de ce partenariat, Google avait ainsi pour mission de former un millier de salariés de Carrefour. Une première étape dans la transformation digitale en interne du groupe qui a débouché par la suite sur le déploiement de la suite bureautique G Suite (Gmail, Drive, Docs, Sheets, Agenda…) auprès de 160 000 collaborateurs.

Mais l’alliance franco-américaine s’est surtout matérialisée en mars dernier avec l’ouverture d’un hub digital pour créer une émulation entre Google et Carrefour afin de lutter ensemble contre l’ennemi commun : Amazon. Situé à deux pas de Station F, au cinquième étage d’un immeuble WeWork, l’espace s’étale sur  2 500 mètres carrés pour réunir une trentaine de collaborateurs des deux groupes, essentiellement des ingénieurs de Carrefour et des experts en intelligence artificielle de Google Cloud qui constituent les équipes du Lab Carrefour-Google, division dirigée par Elina Ashkinazi-Ildis. 

«Qui pouvait penser qu’un jour nous travaillerons avec Google?»

Cette unité spéciale est directement au contact des équipes en charge du numérique au sein du distributeur, soit 300 collaborateurs détachés dans Paris intramuros pour assurer la transformation digitale du groupe qui reste cependant pilotée à Massy, où se trouve le siège social de Carrefour. Ensemble, ils sont chargés de développer de nouveaux services et produits pour améliorer le parcours d’achat des consommateurs. 

Intelligence artificielle pour optimiser la logistique et développer la personnalisation des offres adressées aux consommateurs, blockchain pour améliorer la traçabilité des produits alimentaires… Les chantiers sont nombreux. «Pour Carrefour, c’est un petit signal de plus que nous sommes en mouvement. Qui pouvait penser qu’un jour, toutes les directions de Carrefour pourraient travailler ensemble, qui plus est avec un partenaire extérieur, et qu’il s’agirait de Google ? Pourtant, ce lab existe désormais !», déclarait Alexandre Bompard lors de l’inauguration de ce hub digital en avril dernier.

Le paiement par la reconnaissance faciale testé avec Tencent 

En effet , il était bien difficile il y a encore quelques années d’imaginer Carrefour travailler main dans la main avec l’un des GAFA, au risque de leur donner un accès privilégié à des données précieuses du distributeur et de ses clients pouvant accroître leur pouvoir et leurs revenus. Pourtant, c’est désormais chose faite depuis 2018 avec Google, de même qu’avec les BATX, l’équivalent chinois des GAFA, via un partenariat la même année avec Tencent

Outre le fait que cette alliance doit permettre à Carrefour de reprendre des couleurs sur un marché chinois exigeant où le distributeur est en perte de vitesse ces dernières années, elle doit surtout permettre au groupe français de tester de nouvelles innovations pour entrer dans l’ère du retail connecté. Partage des données, solutions de paiement mobile et digitalisation des magasins sont ainsi au coeur de cette collaboration. Cette dernière s’est d’ores et déjà matérialisée par l’ouverture l’an passé d’un supermarché connecté à Shanghaï, qui présente la particularité d’être le premier Carrefour au monde à permettre à ses clients de payer via la reconnaissance faciale. 

Les distributeurs français bientôt sous-traitants des GAFA?

Si les alliances de Carrefour avec Google et Tencent, comme celle entre Amazon et Casino, témoignent de la prise des enseignes de la distribution qui sont en train d’accepter le changement des usages engendré par l’e-commerce, elles n’en demeurent pas moins inquiétantes. Et pour cause, elles permettent aux GAFA et aux BATX d’étendre leur champ d’action en accédant à de nouvelles données sur les habitudes d’achat des consommateurs. L’inquiétude est d’autant plus grande que ces géants se positionnent dans les secteurs de la santé et de la finance pour récolter toujours plus de données sur des millions, si ce n’est des milliards de personnes à travers le monde.

A terme, le risque est de voir un distributeur comme Carrefour devenir un sous-traitant de Google, si le groupe français abandonne sa souveraineté dans la gestion de son réseau de magasins et dans la logistique. Sur ce dernier point, Monoprix, filiale de Casino, a d’ailleurs déjà accepté de déléguer sa supply chain à Amazon. Se transformer sans céder, une équation complexe mais indispensable pour Carrefour que devra résoudre Amélie Oudéa-Castera et son équipe que l’on vous propose de découvrir dans ce papier. 

source FrencheWeb

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